Quand on va à la rencontre de l'enfant qui est en soi, qui a été écorché, oublié, tu, voire nié.
Quand cet enfant nous permet de comprendre l'adulte qu'on s'est construit en fonction ou en opposition à ce qu'il a vécu.
Quand revenir à ce qu'on a été enfant, naturellement, est essentiel.
L'enfant est pur, vrai, juste.
Même sa relation au corps est simple et unique.
L'enfant est dans son corps sans gêne, sans tabou, sans complexe. "Il est corps".
Longtemps j'ai refusé de regarder la petite fille que j'ai été car je la voyais et la jugeais à travers le regard et les mots des autres.
"Une peste, une hystérique, une folle, une capricieuse, une boudeuse, une jalouse..."
Je me disais que si les personnes si proches de moi le disaient, c'est que c'était vrai.
Longtemps je me suis battue pour être acceptée et in fine aimée.
J'ai effacé l'image de cette enfant si "compliquée". J'entends encore ces mots "Pourquoi c'est si compliqué avec toi ?".
Longtemps je l'ai détestée cette enfant, je l'ai vomie, j'en ai eu honte...
Longtemps je l'ai cachée mais je ne l'ai jamais oubliée.
J'ai d'ailleurs bien choisi mes relations (consciemment ou inconsciemment) qui corroboraient ces dires.
Et pourtant en y regardant de plus près, je l'ai tellement aimée cette enfant. Drôle, vive, avec un caractère bien trempé.
Créative elle pouvait s'enregistrer des émissions de radio sur le magnétophone de sa sœur. Elle écrivait des poèmes, des nouvelles. Elle racontait des histoires qu'elle modulait chaque soir pour que ce ne soit jamais la même. Elle gérait une équipe de joueur de billes, tel un parrain de la mafia, mais avec équité... Elle défendait le plus petit, le rabaissé, l'oublié.
J'ai oublié que cette enfant c'était moi.
Aujourd'hui quand je regarde la femme que je suis devenue j'ai envie de demander pardon à cette enfant. Pardon d'avoir douté, de ne pas avoir su l'aimer, prendre soin d'elle, de ne pas avoir réalisé que c'est grâce à sa folie que j'ai appris le sérieux, grâce à son hystérie, que j'ai pris soin de mes émotions, grâce à ses bouderies que j'ai appris l'expression, grâce à ses caprices que j'ai appris le respect.
J'ai laissé beaucoup de place pour attirer l'amour des autres, sans comprendre que l'amour ne détruit pas, ne nie pas, ne juge pas.
Le podcast Métamorphose d'Emmanuel Ballet (metamorphosepodcast.com) m'a follement remuée, intensément étourdie... Ce thème de l'enfant émotionnel a été central pour moi ces derniers jours.
Me reconnecter à cette enfant, m'a apporté tellement de compréhension et de douceur. J'ai déposé les armes, et retiré un peu ma carapace pour profiter du souffle du juste.
J'ai compris ma tristesse et je l'ai aimée, j'ai entendu ma colère et je l'ai embrassée, j'ai regardé ma peur et je l'ai apaisée.
"Je ne suis pas responsable de ce qu'on a fait de moi, mais je suis responsable de ce que je fais de ce qu'on a fait de moi" JP Sarthe
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